jeudi 16 juillet 2009

Dans tous leurs états

Dans tous leurs états, 1992.

Cette pièce est une création issue d’une étude de la vile pour la construction d’un lieu pour les personnes sans abri. Elle est le résultat d’une rencontre entre le monde de l’architecture et celui du spectacle.
C’est par leurs différences et avec le constat qui sépare le construit de l’éphémère que s’est bâtie cette pièce.Ainsi, en entretenant un déséquilibre entre le mouvement, le mot et l’espace, en développant des réseaux entre eux que nous avons, sur scène évoqué un état qui est celui de l’homme érant.
La danse interviendra comme un écho, une forme architecturale mobile, simple et muette.

Intention de mise en scène :
Au questionnement de l’architecte sur l’utilité de bâtir un lieu pour les gens sans abri, nous nous sommes interrogés sur la manière de construire un récit en évitant de développer une histoire qui mettrait fin à l’errance.
C’est ainsi que, mettant de côté toute tentative d’explication et de justification de cet état, nous sommes partis du principe que l’homme sans abri n’a de repères que dans la résistance de son corps face à son environnement (la ville).
Nous avons donc tenté, par le biais des mouvements des personnages, leurs déplacements, leur fatigue, leurs hésitations et leurs réactions, de dessiner, d’indiquer une géographie de l’errance.
Lorsque l’un des personnages a faim, c’est en déplaçant le lieu de la faim (une table), qu’il va assouvir son appétit. Une fois la faim calmée, ce lieu devenant inutile est poussé hors scène.
La parole, elle, ne pouvant intervenir que comme un commentaire radiographique d’un homme qui vit dans la ville en état de guerre, dans un corps qui ne peut que résister et qui tente de « jeter un regard critique en se demandant le but et la raison d’un tel fatras ».
Catherine Baÿ – mise en scène.

 

La ville n’est pas vu de la même façon par tout le monde, comment se montre-t-elle dans l’errance ?
Que deviennent les maisons, les cours d’immeubles, les jardins et les monuments ?
Que dit cette ville que nous ne connaissons pas ?
On la devinerait muette…
Ses mots, comme les enseignes, les fenêtres, les portes, les cafés et les gares disent-ils encore la même chose ?
 
La rue, à l’intérieur du quotidien relie les choses aux autres choses, relie les hommes aux autres hommes, elle vibre de beaucoup d’actions ; quand un homme n’a rien à y faire, y a t il un échange, une rencontre possible ?
On a besoin, pour savoir où aller, d’un lieu qui est notre coin du monde, lorsque l’on perd ce lieu précieux, l’origine du parcours, sait-on encore diriger ses pas ?
 
Je ne vis pas dans l’infini, parce que, dans l’infini, on n’est pas chez soi.
 
Un mini cataclysme suffit à l’effondrement de nos repères, tout peut devenir un ailleurs, une autre dimension qui ne sait plus donner la mesure des choses.
Laurence Bourgeois-architecte.


L’homme sans abri est sans attache, il est dans la ville sans en avoir les clefs, il peut la parcourir, la regarder, mais ne l’habite pas.
La scénographie ne pouvant pas être un espace construit de ville, il nous fallait trouver un lieu de circulation qui permette à l’errance de rebondir. Elle s’est  donc inscrite en partie sur les côtés du plateau dans une périphérie à la limite de l'hors scène.
Frange d’éléments, de matières, de couleurs, d’accessoirs où les personnages se servent, sans s’acaparer un lieu qui serait trop fondé.
En me questionnant sur la limite du territoire de l’errance, le fond de scène m’est apparu comme la trop grande réalité d’un bâti existant. Un animal disproportionné s’est donc dessiné changeant ainsi l’echelle du regard.
Pascale Lecoq.

 

Mise en scène : Catherine Baÿ.
Interprétation : Jean-Louis Berdat, Catherine Baÿ.
Architecte/scénographe : Laurence Bourgeois, Pascale Lecoq.
Lumière/Régis : François Lecoq.
Son : Händel (Arias for senesino) Va Tacito
 
Diffusion :
-Ménagerie de verre, 1992.